Carnet

CARNETS | marie deschênes

24 juill. 2009

le salon s'éternise dans la fumée
Billie chante à peine Yesterdays
j'écoute mais n'entends
aucun train passer

Barcelona ses rues disloquées
malgré mes paupières fermées
pour mieux la voir
m'échappe, effacée

quel ennui toute cette beauté
cette clope ce rouge ce fauteuil
vide cette ville morne
ce poème

je n'arrive pas à faire des rimes
ni des vers réguliers
mes trains déraillés mes paysages
à l'envers de dentelles dérapées
m'amusent plus que les prières les souvenirs
de calme et de volupté

23 juill. 2009

éclairs entassés
l'obstruction tardive des élans
comme des faons lumineux
abrégés par un fil
à l'aboutissement des montagnes

22 juill. 2009

quête, cette tête en arrêt
à même les fulgurances
de l'amant imaginaire
l'inépuisable fenêtre
la dénouante

de si belles lettres ne s'écrivent pas et pour personne
qu'est-ce que la lourdeur
si ce n'est le cumul des absences
la beauté coincée dans le mécanisme boiteux des charnières

21 juill. 2009

roche devenant éther, ou un truc du genre
cherche encore un peu dans Wikipédia, Marie
la mer est longue et noire entre les deux
tu t'y couches pour voir les lourdes étoiles
qui sont ce ciel translucide
les doigts dans le sable
la bouche pleine de sel
noyée derrière
ce reflet de rien

5 juill. 2009

je suis dans cette ville comme une absence
vêtue de dentelles et de poussière
j'y ère ailleurs
empruntant des rues qui n'existent
que dans une autre ville
à une autre époque je marche dans cette ville
laissant derrière moi
sur les trottoirs, partout
mes dentelles arrachées
par les lampadaires et les voitures
sous les dentelles il n'y a pas de femme
sous les dentelles il y a un rêve;
Barcelona
une femme nue
assise au bar du Schilling
écrit ce poème

4 juill. 2009

ce soir alors que je rentrais chez moi
parmi l'abondance de l'été
un ciel froid vint alourdir
le temps et l'humeur; l'automne
sa profonde mélancolie sa douceur
et la grisaille cet achèvement
des couleurs cette retenue
me revint; l'automne qui
comme l'absence dérobe
à toute chose quelque chose d'indicible
passa ce soir en moi par la rue
morte malgré les flamboyantes fulgurances
des folles beautés souples et rosées
de l'été qui soudain se tut; l'automne
gorgé de ce qu'auront été
poires et figues, romarin, carpelles et miel
retenant leurs lourds parfums
clos, silencieux et lointain
me fit penser à vous;
votre bouche est pour moi
comme cette saison ses parfums
absents sublimant même vivace
et fertile jusqu'à la moindre averse