Carnet

CARNETS | marie deschênes

15 oct. 2013

“Tu n'as rien appris, sinon que la solitude n'apprend rien, que l'indifférence n'apprend rien: c'était un leurre, une illusion fascinante et piégée. Tu étais seul et voilà tout et tu voulais te protéger: qu'entre le monde et toi les ponts soient à jamais coupés. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot: tu n'as jamais fait qu'errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomètres des façades, des devantures, des parcs et des quais.
L'indifférence est inutile. Tu peux vouloir ou ne pas vouloir, qu'importe! Faire ou ne pas faire une partie de billard électrique, quelqu'un, de toute façon, glissera une pièce de vingt centimes dans la fente de l'appareil. Tu peux croire qu'à manger chaque jour le même repas tu accomplis un geste décisif. Mais ton refus est inutile. Ta neutralité ne veut rien dire. Ton inertie est aussi vaine que ta colère.”
Georges Perec, Un homme qui dort

8 oct. 2013

2006 ou 7?


Cher Porte-Cigarette,
Je réalise que j'ai fait de vous un être utile ; à l'heure j'ai besoin de cigarettes, mais vous n'êtes pas là, ici, vous êtes dans un ici qui n'existe pas, je crains, car je n'y suis pas avec vous. Non pas que j'ose prétendre que les limites du monde réel se déplacent au gré d'où je vais, mais c'est que ce vous utile que vous êtes devenu n'existe pas en dehors de notre lien. Peut-être n'existons-nous pas l'un sans l'autre, enfin ce que nous sommes aujourd'hui de printemps et de naissances, car qu'en est-il après tout de la réalité, de la mémoire et des sens, que sais-je de vivre à part cette envie de vous qui m'apporterait des cigarettes? Pour que je puisse vous inventer, à l'écran parce que vous n'êtes pas là, vous inventer dans le mouvement que je tente de créer entre les vers, vous inventer libre, vous en vent. Être une fleur est simple, et le simple n'est pas le facile. Il n'est pas facile d'être en soi une tornade de transparences qui ne déplace rien, d'être un possible qui a envie de fumer des rouges. Le printemps est tellement là ici, si vous saviez comment vous prenez racine en moi à plusieurs endroits ces jours-ci. Il m'arrive de m'absenter de la naissance, oui. Il m'arrive de ne pas être à l'heure quand le printemps arrive. Il m'arrive de m'attarder dans quelque autre saison, pendant que vous m'aimez. Mais n'ayez crainte, il n'y a nulle absence où vous n'êtes quelque chose d'utile.
Je vous embrasse dans le vent, quelque part, que nous formons.
Marguerites

7 oct. 2013

Philosopher's blues

"Our subject is notorious for its perennial controversies and lack of decisive progress - for its embarrassing failure, after over two thousand years, to settle any of its central questions."
Paul Horwich, Wittgenstein's Metaphilosophy.

And one wonders what they are doing at 9 a.m. on a Monday in London, reading heavy theories about language and scientific inquiry, while years pass ever so quickly and love is afar.

7 avr. 2013

5 avr. 2013

Je dirais plutôt : If you cannot be a poem, be a poet.

1 mars 2013

Pas grand chose

Ne pense plus à être ici
ailleurs le monde pas le monde, je ne comprends pas peu importe
qui sont ces gens pourquoi s'en faire
que disent-ils
qui ne soit pas déjà dit
et aussi mal;
j'apprends à écrire pour apprendre à mieux me taire
avec plus de rigueur
pour avoir une quantité plus que suffisante
de raisons de me taire
pour avoir vraiment beaucoup de choses
très exactes, très riches et bien formulées
à taire
pour que ce que je ne dis pas
soit bien tu
pour que le silence soit limpide, élégant
et entier
et concerne toutes choses.

(c'est ce qui manque qui rend les dentelles si jolies)