Carnet

CARNETS | marie deschênes

25 juill. 2008

électrons libres

ça recommence être loin
être ailleurs te happe
comme un vertige un gouffre sous le pied
sans chanceler tu t'éloignes
encore du monde dans l'extase du vide
l'extase de la perte ; l'abandon
ça te prend comme ça de nulle part
ça te vient de plus loin que toi-même
par derrière les années
l'abandon tu n'y peux rien
à la terre aux humains l'accumulation les traces
encore les choses
se dissipent dans une géométrie impossible une géométrie à une face
tu ne crois en rien, il n'y a pas de mots
à poser là-dessus, cette disparition
tu ne sais même pas si c'est le monde ou toi ou les deux
tu doutes même de la mort
quant à la transparence, rien à comprendre, tu t'y tiens
de façon assez approximative, debout
et ça te happe te propulse si loin que tu ne sais plus de quoi
la frontière entre la vie et vivre n'est plus vraiment perceptible
pas trop mais juste pour dire
un peu du bonheur que certains ont la grâce
de partager sans s'en rendre compte, par la limpidité de leurs gestes
on sait leurs matins
ouverts l'œil, la voix minuscule des oiseaux, un lac, deux corps, entre eux l'horizon qui disparait
pas trop mais juste pour dire
on se rappelle avoir déjà vu le jour se lever comme ça
sans faille, sans ombre, entier
j'essaie de me nourrir de peu
le moins possible pour garder le ventre vaste
une résonance jusque dans l'œil
la faim du paysage exacte
dans les mots de ceux qui savent
s'approprier le monde je suis absente
flottant dans du verre brisé m'échappant
par les failles de la transparence

je ne voudrais surtout pas vous perdre
en parlant si peu
je sais mes chemins sont nus je les dépoussière à mesure
que j'avance
derrière moi je n'aime pas laisser de trace
j'aime que vous puissiez y laisser les vôtres
je n'y suis plus

je sais je rêve trop j'essaie
de ressentir chaque chose comme si elle vivait en moi
par souci de justesse et d'humilité
je ne suis mère de rien

trop de temps perdu à recréer en moi
la seconde vivante, à faire en sorte que rien ne s'oublie
puisque la mort est toujours proche

à trop passer de temps à dessiner
à la craie blanche des ciels
que la pluie efface
on finit par perdre la terre de vue

comme ça quand la mort passe
on est déjà ailleurs

13 juill. 2008

je ne sais pas écrire je ne sais pas danser
j'ai la tête qui tangue et toutes les étoiles en tombent
vieilles éteintes sans rivières millénaires et sans lune
des étoiles de verre fracassé moi je ne sais rien
à part les failles du ciel et le chant imperceptible des marées
je ne comprends rien aux routes ni aux années
emmêlée dans mes marelles déroutée par les heures et les rêves
impatiente comme toujours
attendant
par la fenêtre la fin de ce monde

(tristesse)

il aurait fallu naître ailleurs
il aurait fallu naître avant, il y a longtemps
quand tout était à faire
il aurait fallu naître vieille déjà
autrement que dans ce corps
avec autre chose que la beauté et la violence
il aurait fallu commencer par mourir
et naître de plus en plus à chaque année

(calme)

nous disparaissons
par la saturation
trop de mots trop de paroles
nous devenons opaques
embrouillés de corps de lumière
nous mourons par accumulation
sous l’épuisement de vouloir

nous ne reposons
sur rien, sous le sol
il n'y a que terre
sous terre il n'y a que sol
rendu à ce sol, notions de dessus
et de dessous se confondent
au vide ; sans sens
la terre repose
pendant que nous disparaissons
dans les campagnes vides
les villes noyées
d'inlassables ignorances

(courage)

relève-toi guerrière
tu as le front usé
des forteresses imprenables
le petit clou rouillé qui te maintient en toi
a pris l'allure d'un siècle
tu vois le jour tenant
à peine hors de toi - défaite
la forteresse

12 juill. 2008

fat free peña

morceaux de petenera



oui d'ac je me force pour faire une vidéo moins nulle. promis.