Carnet

CARNETS | marie deschênes

26 juin 2009

suite d’épuisements

écrite à Barcelona le 19 mai dans l’épuisement le plus complet
dans un salon de thé du barri gotic et en peu de temps
pour répondre à cette question qui me hante
Œuvrer ou non?

-John Zorn - filmworks 19
-Gyokuro


*

Le poème je veux le vivre
avancer seule parmi
les accidents de justesse
éviter la mort
en me taisant


*


L’arrivée à la perte s’est faite ici
à la pointe de l’espoir
tu te savais chavirante
sur le point de ne plus choisir


*


Par moment tu ne sais plus
si passe ce qui se passe
ou si c’est le monde qui dérape
pendant que quelque chose coince
dans l’engrenage du temps

Ce sont ces déraillements
qui te marquent que tu fuies
par les grandes routes
que tu envisages
à travers la peau et l’indifférence

Nommer t’ennuie
aussi préfères-tu avancer
parmi d’autres oublis


(à la question : que s’est-il passé?)


*


Ô folie cher poème
notre liberté si violemment
absurde parmi le silence des astres
tandis que nous nous incarnons
par le hasard
rien ne nous regarde
transis de questions


(pour Benoit par moments)


*


Je ne suis plus ici
ni écrite ni à Barcelona
usée ou pâle comme les mots
qui me sortent je refuse
d’y entrer


*


Rien, donc
écrire
mourir avec ça, ne rien savoir
ni personne


*


Je creuse des fenêtres
ici
dans le vide


*


J’écris ça
par manque de substance
quasi-absence
de chair juste
assez me reste
pour remplir la solitude
ne pas aimer


*


Mince comme une plaine
je ne chante pas
préférant rester debout
quitte à n’attendre personne
dans mon chavirement


*


Ne suis pas encore
à rire devant la violence
vide, la bouche pleine
du silence du ciel


(Pour Beckett, qui assurément se marre)


*


Chers amis
je rentre dans l’épuisement
pas grand chose


(Intention de lettre à mes amis, depuis Barcelona)


*


J’existe de moins en moins
la preuve
je l’écris

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