Carnet

CARNETS | marie deschênes

27 août 2009

disparais

il y a un fou qui traîne par ici
de plaisir le bretonneux à montréal
je le sens qui erre derrière les murs
effrayé par son propre silence

15 août 2009

trois poèmes pour C.

elle est dans une salle
je suis dans une pièce
où nous ne sommes pas

entre nous gît le soleil


*

soleil plagié
partout les soleils
empêchent de toucher
sa soif

*

elle attend
je crois
que vivre revienne
j'imagine
habiter en elle

14 août 2009

candide tout près du soleil
la terre ne nous intéresse plus, amie
candide tout près du soleil
comme une planète translucide
que personne ne voit
lourde et vaste emplie de tout
de tant que rien ne sert de boire
déjà tu avales le monde

2 août 2009

bréviaire de disparition

pour Isaiah

aucun état liquide
entre le monde et son œil
une écharde regarde dehors
aride moment que celui de vivre


*


Elle est droite comme une poutre
debout au centre des luxuriances de la mer
la femme sans poème
dans sa fatalité
sa chance de n’être pas décharnée
perméable contre le soleil qui s’égare la bouche
close la main prête quand tout en elle
se densifie bois sec avant de mourir
sans jamais une faille même pas un poème
par lequel se noyer


*


Plus tard elle s’ennuie dans sa ménagerie
d’aubes et de fenêtres apprivoisées
des flacons silencieux d'eaux précieuses sa peau lisse
contre les lignes abstraites les idées qu’elle échappe
viennent s'éclater en elle la glace
oubliée entre la fin de l’enfance et le début de la mort
la pointe émoussée de vivre
qui n’a pas su ouvrir la faille


*


Elle est lasse elle aurait aimé aimer le monde
si limpide qu’il disparaitrait
au profit des astres
peut-être là derrière
toutes ces choses qu’elle refuse de nommer
par souci de lumière
et qui se cumulent
malgré elle


*


À force de taire
le monde continue
sa disparition


*


Elle perd le monde
en se perdant
dans la vitesse
elle croit


*


C’est
d’un poème dont on verrait
non pas la forme la structure la source
mais ce qu’il permet
de voir dont elle rêve


*

Il n’y a plus
que les inlassables
Omnes Generationes
de Bach les kilomètres le béton
pour la faire s'émouvoir
quelle est donc cette maladie
aride cette interminable indifférence
alors que les autres parlent
de douleurs d’arbres et de couleurs
elle n’a qu’une idée en tête
qu'elle n’arrive pas à nommer


*


Musique enfin
directions claires
de l’absence de sens

1 août 2009

la femme sans poème
dans sa fatalité
n'a d'autres robes que d'agir
couchée par terre, l'inutile
pense à des guerres qu'elle ne connait pas
dans son ventre s'achève
une mouche
tourmentée par le plafond
on ne fuit pas sa propre peau