Carnet

CARNETS | marie deschênes

26 août 2011

Lui c'est celui à qui je dis je t'aime
il est parti tout à l'heure m'a dit je reviens je te
téléphone dès que j'arrive j'ai dit
d'accord. La grande bibliothèque est déserte
et calme je peux m'égarer dans les poèmes
d'un autre pendant que lui n'est pas là
un autre qui ne me parle pas à qui je ne dis pas
je t'aime je peux demeurer silencieuse
et partir quand je veux. Celui à qui je dis je t'aime
m'appelle j'ai éteint quelque chose
en moi pour que la sonnerie ne m'atteigne plus
même si elle sonne c'est une reproduction de ces vieilles sonneries
d'un autre temps je suis tellement romantique
vieille rouillée grinçante je n'entends plus
ce qui sonne mon jules je t'aime tant de fois je t'aime
qu'on ne l'entend plus mon amour
m'appelle mais j'écris ce poème.

2 août 2011

Lettre à personne

Guillaume, mon guillaume, de vous il n'y a plus de traces
mes amis leurs claires carcasses
vides me font valser
parmi l'absence de lilas ce n'est pas Paris ce n'est pas
encore l'automne
ce n'est que l'antépénultième saison
la saison avant la saison de l'attente ils ont des épaules dignes
aux lignes fines et noires mais au-dessus d'eux
à peine un brouillard très haut très léger
l'orage se retient quelque part ailleurs
en Nouvelle-Guinée, peut-être
en Chine dans les forêts
d'Amazonie où je ne me trouve pas.
Ici je n'attends plus.