Carnet

CARNETS | marie deschênes

3 mars 2014

Zoe and the Fisherman

pour Marc

Nous avions les mains pleines de ciel ce jour-là
à ne savoir qu'en faire, comme des gens heureux.
Le bateau partait à 12h44, mais nous ne le prîmes pas
nous le regardâmes emporter les autres
piqueniquer près de la prison vide —
les prisons, nous les gardons sous surveillance
pour que personne n'y entre,
mais les prisons nous les gardons à distance —
nous sommes partis à pied, plutôt, arpentant les collines
jusqu'au bout d'un zinc
y secouer un peu de bleu.
Nous avons bu quelques rêves à défaut de les vivre
jusqu'à l'ivresse dans le verre fin,
la transparence des regards et le silence aigu des cœurs,
nous construisant un passé dont toujours
nous parlons au futur.
Nous sommes les gardiens de rêves exacts
qui nous sont si précieux
que nous n'osons les toucher.
Nous sommes les gardiens d'un espace
que nous gardons vide
pour éviter les conflits entre le jour et la nuit.
Nous sommes les gardiens de la distance
parce qu'elle nous permet de valser
ensemble où que nous soyons.