Carnet

CARNETS | marie deschênes

13 juill. 2008

je ne sais pas écrire je ne sais pas danser
j'ai la tête qui tangue et toutes les étoiles en tombent
vieilles éteintes sans rivières millénaires et sans lune
des étoiles de verre fracassé moi je ne sais rien
à part les failles du ciel et le chant imperceptible des marées
je ne comprends rien aux routes ni aux années
emmêlée dans mes marelles déroutée par les heures et les rêves
impatiente comme toujours
attendant
par la fenêtre la fin de ce monde

(tristesse)

il aurait fallu naître ailleurs
il aurait fallu naître avant, il y a longtemps
quand tout était à faire
il aurait fallu naître vieille déjà
autrement que dans ce corps
avec autre chose que la beauté et la violence
il aurait fallu commencer par mourir
et naître de plus en plus à chaque année

(calme)

nous disparaissons
par la saturation
trop de mots trop de paroles
nous devenons opaques
embrouillés de corps de lumière
nous mourons par accumulation
sous l’épuisement de vouloir

nous ne reposons
sur rien, sous le sol
il n'y a que terre
sous terre il n'y a que sol
rendu à ce sol, notions de dessus
et de dessous se confondent
au vide ; sans sens
la terre repose
pendant que nous disparaissons
dans les campagnes vides
les villes noyées
d'inlassables ignorances

(courage)

relève-toi guerrière
tu as le front usé
des forteresses imprenables
le petit clou rouillé qui te maintient en toi
a pris l'allure d'un siècle
tu vois le jour tenant
à peine hors de toi - défaite
la forteresse

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