Carnet

CARNETS | marie deschênes

25 juill. 2008

j'essaie de me nourrir de peu
le moins possible pour garder le ventre vaste
une résonance jusque dans l'œil
la faim du paysage exacte
dans les mots de ceux qui savent
s'approprier le monde je suis absente
flottant dans du verre brisé m'échappant
par les failles de la transparence

je ne voudrais surtout pas vous perdre
en parlant si peu
je sais mes chemins sont nus je les dépoussière à mesure
que j'avance
derrière moi je n'aime pas laisser de trace
j'aime que vous puissiez y laisser les vôtres
je n'y suis plus

je sais je rêve trop j'essaie
de ressentir chaque chose comme si elle vivait en moi
par souci de justesse et d'humilité
je ne suis mère de rien

trop de temps perdu à recréer en moi
la seconde vivante, à faire en sorte que rien ne s'oublie
puisque la mort est toujours proche

à trop passer de temps à dessiner
à la craie blanche des ciels
que la pluie efface
on finit par perdre la terre de vue

comme ça quand la mort passe
on est déjà ailleurs

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