Carnet

CARNETS | marie deschênes

23 juin 2009

je me teindrai en coiffeuse
j'aurai des grossesses silencieuses
le dimanche en famille, et des robes
pas trop longues pas trop courtes
des pulls bleus pour ne pas choquer
assise j'écouterai on m'aimera
parce je n'aurai pas fait exprès
je boirai du café pour comprendre les gens
quand ils se plaignent du quotidien et de la machine
les femmes sont plus belles avec un défaut
une certaine asymétrie on n'aime pas les icônes
les grandes lignes violentes bien dessinées à côté de la track
de chemin de fer en cavale brunes et tragiques
noires et rouges héroïnes en talons
aiguilles sur les rails espagnols
mieux vaut les laisser seules
sur les écrans le papier
glacé dans les poèmes

or si je me tassais au centre et la suivais cette track
normale, sans trop de visage
pleine de bons sentiments rassurants et corrects
comme le mariage et la télé
au lent plafond de notre blanche maison
quand viendra la nuit
me parleras-tu de Derrida
ta main fermement close sur moi
pour que peut-être je rêve
à des murs qui tombent

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