Carnet

CARNETS | marie deschênes

9 nov. 2011

Le désordre, laideur quelconque du monde, comme une marée me monte au bord des yeux, des lèvres, des dents, de la gorge jusqu'à l'estomac ; un désordre si fin, microscopique, pourtant si parfaitement et uniformément répandu dans la structure du monde, un grain de sable dans un rouage, un virus passant entre les organes, une faille au cœur de la poutre, craquant, à peine perceptible, mais que j'entends où que je sois, et qui fait que tout lentement, éternellement, inlassablement s'écroule. J'entends le monde s'écroule, comme l'édifice dans lequel j'habite, rue Edouard-Charles, craque la nuit ; ses fondations pourries, ses murs dans lesquels poussent d'étranges champignons dont personne ne veut s'occuper, qui ne sont ni la responsabilité du propriétaire ni celle du locataire. Je ne supporte pas le monde ; les grincements de son impossiblement lente agonie me tiennent éveillée dans la plus constante inquiétude ou bien me plonge dans le plus profond ennui. Ne pas pouvoir sortir d'ici.

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