Carnet

CARNETS | marie deschênes

12 oct. 2008

la violence rejaillit d'en dessous des étales
longtemps dormante ses précipices retenus
par les dents et les plaques tectoniques
sous l'eau jusqu'à ne plus tenir

la violence cette rencontre
que tu creuses je m'en fiche
par delà les oublis
autant dire je t'aime
un troupeau qui accoure
dans la pupille le métal de la fuite
je me tais

la mort même si la vitesse
et le neuf étincelant des choses
que nous touchons nous arrondissent
souples un moment comme des voiles légères
la mort – cette brève cette étonnante cette résolue - là est
pressentie dans les coupures la peau
contre le métal
crissant des étoiles
et l'absence d'air

la chambre est silencieuse ça n'a pas d'importance
je hais ton odeur ses errantes
décompositions que tu n'as pas achevées
tu es l'unique fenêtre notre main
de fragments
de verre

je ne connais rien à magritte je n'en veux à personne
seulement je ne m'intéresse pas
aux humains leurs géographies
leurs aplats sanguins et définitifs leurs murs
leurs longueurs de carton

je n'aime pas trop le développement, s'étendre
tu le sais tu m'as tant dévêtue
prendre la place du soleil des horizons
je n'aime pas trop les mots
l'opacité des descriptions
jusqu'au silence tu m'as tant dévêtue
les mots tu le sais je n'aime pas
comment ils nous usent et le paysage

mais comment te laisser partir - t'effacer - sans eux
comment devenir légère et ample et lumineuse
sans les évacuer cette glaise que tu laisses
en faire des poèmes; nettoyer la bouche, l'œil

rien

perdre les limites du corps
– comme si la peau du ventre s'ouvrait se dissolvait dans l'espace, hein –
et devenir vide
dans le monde
entière

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